Edito Guadiana

Du 31 décembre au 25 mars, La Baleine aura arpentée le Guadiana. Fleuve frontière entre Andalousie et Portugal, sauvage et paisible, il est un port naturel pour de nombreux voiliers qui viennent y séjourner quelques mois ou des années.

3 mois donc pour nous. Notre programme était simple : prendre le temps, continuer les chantiers sur le bateau, bosser la musique, et bien sûr, faire des cueillettes d’agrumes et d’amandes et les transformer.

Mais bien sûr, on n’a pas pu s’empêcher de s’intéresser aux lieux dans lesquels nous arrivons, d’essayer d’en comprendre les enjeux, les dynamiques, leurs histoires officielles et populaires…

Pour moi, arrivant en voilier, le Guadiana est un et triple à la fois. Un fleuve, long et tranquille, toujours baigné dans des cultures traditionnelles vivrières d’agrumes et de potagers, rural. Mais aussi triple, espagnol d’un côté, portugais de l’autre, et joint ou séparé par une communauté anglophone. Effectivement, les nombreux voiliers peuplant ses méandres depuis 50 ans et qui constituent une petite communauté ont plutôt opté pour l’anglais comme langue quotidienne.

Difficulté d’apprentissage, schizophrénie du passage de frontière et de langue qui peut arriver plusieurs fois par jour, non-choix de facilité, allers et venues permanents de nouvelles personnes anglophones, manque d’intérêt, semblent en être les causes.

Rapidement, les membres de Mégafaune tissent des liens avec ces personnes, pour la plupart très sympathiques, qui peuvent nous ressembler et avec qui nous partageons de nombreux sujets de discussions, bien que la moyenne d’âge ait quelques dizaines d’années de plus que nous… !

Je trouve qu’une forme de stigmatisation naît sur la Baleine sur cette communauté et ce à quoi cela renvoie de  »gentrification ».
Mais avec le temps, la complexité des relations apparaît, les différences de comportements individuels, la relative bonne entente globale entre  »locaux » et  »marins » ainsi que la déprise démographique constante même pas comblée par ces nouveaux-venus.

Tout de même, au niveau de Sanlùcar et Alcoutim, petites villes ou grands villages de 500 habitants chacun qui se font face, épicentre de cette communauté, il nous aura été difficile de se lier avec des personnes extérieures à ce petit monde.

En remontant plus en avant le fleuve, la présence nord-européenne moderne s’étiole.


À Pomarao, petit village qui marque l’entrée dans une partie du fleuve uniquement portugaise, nous y aurons rencontré des personnes uniquement lusophone et aurons fait nos premiers essais véritables pour se faire comprendre en portugais ! Ici, la présence anglaise surgit des vestiges des infrastructures portuaires des mines de cuivre exploitées par une compagnie anglaise entre 1850 et 1966. Selon les témoignages, une vrai exploitation minière et humaine comme ces grandes firmes savent bien le faire.

Enfin Mértola, fin du domaine navigable pour La Baleine, atteinte sans trop de peur, grâce à notre tirant d’eau de 1m20 dérive relevée ! Dans cette ancienne grande cité, des personnes luttent contre la désertification environnementale et culturelle. Alors concert et article pour Reporterre auront été nos occupations avant la redescente et par la suite « l’International Guadiana Tour », avec un concert dans chacun des villages !

Lucas