Édito
Trois mois passés au Maroc, de fin mars à fin juin, c’est dur à résumer ! Malgré ses côtes inhospitalières en voilier (orques, peu d’abris, mouillages interdits presque partout, formalités administratives et douanières lourdes), La Baleine nous aura à chaque fois amené aux bons ports, en temps et en heure ! Guidé.e.s par nos projets pour la plupart prévus (et pour certains improvisés) de spectacles, ateliers, concerts et journalisme, nous avons débarqué au Maroc avec un programme de travail chargé (à retrouver en détail sur notre page Parcours) !
Alors voilà, « Bienvenue au Maroc ! », cette phrase quasi-automatique, qui sortait de la bouche de la plupart des personnes que nous aurons rencontré dans le pays, restera pour moi une symbolique de notre expérience marocaine. Une exclamation aux multiples facettes et sens de lecture, que j’apprendrai à déchiffrer au fur et à mesure de nos escales à Salé (Rabat), Tanger et Essaouira.
Bienvenue au Maroc ou l’accueil chaleureux des marocain.e.s. Hospitalité et générosité. Le Salam Alaykum et le Labess de salutation sont systématiques, naturels et sincères. L’invitation facile à l’échange au détour d’une rue, au partage d’un thé à la menthe, d’une jam musicale ou d’un repas chez l’habitant.e fait du bien et questionne sur notre froideur européenne.
Bienvenue au Maroc à faire des projets avec nous. Découverte d’un monde culturel, associatif et militant dynamique et ultra-motivé. Merci à la Cie Gorara, Chérine, Radio Ejoussour, Nabil et Hamid, la Cie Momkin et Dabatek, le Centre social Padre Lerchundi, les écoles françaises de Tanger et l’Institut Français d’Essaouira pour leur accueil !
Bienvenue au Maroc ou l’accueil du tourisme. Une économie tournée vers le tourisme à en faire tourner la tête. On est pris.es par la main et guidé.e.s dans les méandres de la médina merveilleuse (et souvent la contrepartie monétaire n’est pas loin). Un accueil et un traitement privilégié du touriste, parfois au détriment des locaux.
Bienvenue au Maroc mais moi je veux partir. Certain.e.s veulent rester mais les demandes sérieuses d’embarquer sur la Baleine pour quitter le pays et les nombreuses histoires racontées de personnes ayant traversé les frontières légalement ou illégalement nous rapportent une autre réalité. Il nous rappelle également que l’accueil qui est fait aux migrant.e.s d’Afrique sub-saharienne arrivant au Maroc ou encore des marocain.e.s en France est tout autre. Des ami.e.s marocain.e.s nous parlent de la violence que peut provoquer le fait de rencontrer des voyageur.euse.s libres d’aller où bon leur semblent quand ce n’est pas le cas pour eux et elles.
Bienvenue au Maroc en voilier. On nous accueille avec une certaine réticence dans les marinas ultra luxueuses de Salé et Tanger et à condition de ne pas laisser notre linge sécher à la vue des passant.e.s. On se sent presque plus à l’aise dans les ports de pêche de Larache et Essaouira avec les sourires des pêcheurs et l’odeur de poisson, où pourtant la plaisance n’a pas sa place.
Bienvenue au Maroc ! Une escale bienvenue qui pose plein de questions et qui fait réfléchir !
Au fait, nous sommes arrivé.e.s aux Canaries il y’a quelques semaines maintenant ! Contraste total. Nous y resterons environ un mois et demi, on vous en parle dans le prochain journal !
Katell
Mégafaune 