Florilège d’infos concernant le Sénégal via notre prisme de toubabs français.

Ce que je comprends succinctement de la situation politique actuelle.

Le Sénégal, est un État indépendant depuis 1960, il est organisé en République sur le modèle Français. Pour le moment, il est un des rares pays africains à ne pas avoir connu de coup d’État mais une succession d’élections libres dont les résultats furent respectés. Le premier président, Léopold Sédar Senghor est resté plus de 10 ans au pouvoir. Francophile, écrivain et poète, il n’a pas créé de césure franche avec l’ancienne métropole et a participé à la création d’un État Sénégalais ayant beaucoup de similitudes administratives et légales avec la France. Abdou Diouf puis Abdoulaye Wade et enfin Macky Sall ont globalement tous suivis la même veine francophile, libéralisant toujours plus le pays.

Les Sénégalais.es sont très politisé.e.s et il y’a globalement un ras-le-bol de la caste dirigeante au pouvoir qui s’enrichit avec une forte proportion de corruption. Ousmane Sonko, principal opposant, a posé ces termes dans le débat public. Le pouvoir a tenté de le faire taire et cela a provoqué de grandes manifestations. Il y a actuellement de nombreux prisonniers politiques enfermés sans procès.
Au moment où on écrit ces lignes, la situation change de jour en jour. Macky Sall, le président actuel a reporté les élections, Ousmane Sonko est emprisonné, et la société Sénégalaise ne se laisse pas faire. L’avenir est incertain…

Le rôle de la France, est difficile à cerner car de nombreuses informations ne sont pas accessibles. En tous cas, il y a une critique forte sur la gestion des contrats qu’ont pu faire les différents pouvoirs. Effectivement, de nombreuses entreprises privées françaises sont présentes au Sénégal et des questions se posent sur les méthodes d’attributions des contrats publics que cela soit sur les quotas de pêche, les nouveaux champs pétroliers (Total), le réseau mobile (Orange), la création de nouvelles infrastructures (train, musées, routes avec Eiffage), ou la mise en place de commerces de grandes distribution (Auchan). Il y’a peu de critiques officielles françaises sur la gestion du pays alors même que de nombreux faits viennent entacher les valeurs de liberté d’expression et de démocratie. On comprend donc les doutes et questionnements que viennent légitimement se poser de nombreux Sénégalais.es sur l’implication réelle ou supposée de la France dans la politique sénégalaise…

L’ensemble des Sénégalais.es que nous avons rencontrés faisaient bien la part des choses entre notre situation de français et le système capitaliste et néo-colonial français.

De nombreuses ethnies différentes peuplent le Sénégal. Avant l’arrivée des Français et de l’islam, il n’y avait pas de traditions écrites. Ainsi le Français à vraiment joué le rôle de ciment linguistique pour les différentes élites, et l’islam le ciment religieux. L’ethnie wolof majoritaire au nord du pays a aussi imposé sa langue avec le Français comme langues nationales. Autrement de nombreuses personnes ont d’autres cultures et langues maternelles (Diola, Sérére, Mandingues, Peul, Toucouleur…). Nous n’avons pas ressenti de tensions entre les ethnies, et beaucoup le revendiquent avec fierté comme une spécificité sénégalaise. Bien que chaque personne se relie à une de ces identités (souvent en fonction de son père), et il est plutôt commun que l’on puisse parler plusieurs langues. Les États modernes étant venus se coller sur les frontières guerrières des anciennes puissance coloniales, les populations des pays voisins sont globalement issues des mêmes ethnies. Seulement, certaines langues officielles coloniales sont différentes (Anglais en Gambie et Créole/Portugais en Guinée-bissau).

La majeure partie de la population est musulmane. Ce sont des marabouts (cheikh (prononcer « cher ») en arabe et Serigne en wolof) qui ont islamisé le pays surtout au cours des XIXéme et XXéme sciècles. Il y’a d’ailleurs eu une forte lutte entre colons français et marabouts islamistes. Beaucoup de Sénégalais.es ont un marabout référent qu’ils peuvent arborer sur leurs voitures ou dans leurs maisons. L’islam Sénégalais est organisé en confréries qui structurent de grands courants. Ceux que nous avons le plus rencontrés sont les Mourides qui ont fondés et gèrent la ville de Touba (Deuxième du Sénégal avec 1 million d’habitants…) et notamment les Baye Fall (courant des mourides). Leur islam est modéré, ils ont moins d’interdits et vivent une spiritualité forte.

En Casamance, en plus des musulmans, il y’a aussi beaucoup de chrétiens et d’animistes qui cohabitent pacifiquement, et ça fait du bien.

Mise à jour 01/05/2024 : Après de nombreuses péripéties, Ousmane Sonko et son mouvement sont finalement arrivés au pouvoir fin mars suite à une nouvelle élection libre gagnée haut la main. A voir ce qu’ils feront ou pourront faire arrivé.es au pouvoir …

Lucas